Réhabilitation du centre historique de Monteux

aménagement/travaux, culture, economie, environnement, patrimoine, traversée des arts 29 mai 2024

 
Ce n’est pas propre à Monteux, la réhabilitation d’un centre ancien est une opération lourde et au long cours. C’est une opération complexe qui mérite quelques explications de manière à éviter d’être mal comprise ou caricaturée par des raccourcis simplistes.  
Au risque d’être un peu trop technique, il nous paraît néanmoins important qu’en tant que citoyens de Monteux, vous soyez au courant de la démarche qui est en œuvre pour réhabiliter notre centre historique.  
Il s’agit effectivement d’une opération qui prend du temps – beaucoup de temps – et qui implique de nombreuses études préalables, ainsi que la prise en considération de nombreuses contraintes techniques et financières et de nombreux intervenants dont l’Architecte des Bâtiments de France. Il ne faut pas croire qu’on fait ce qu’on veut, on fait plutôt ce qu’on peut.  


Qui fait quoi ? 


Dans les centres villes dégradés comme le nôtre, l’initiative privée est quasi-inexistante du fait de l’absence de rentabilité financière des investissements. Seuls les marchands de sommeil y trouvent leur compte en louant chers des logements indignes voire insalubres à des gens qui ne trouvent pas à se loger dans des logements sociaux décents. 
Contrairement à ce qui peut être dit et pensé, il est illusoire d’espérer que l’initiative privée classique puisse réhabiliter toute seule un quartier dégradé. La ville doit d’abord s’attacher à donner l’exemple en faisant les premiers travaux et s’attacher également à ramener de la vie avant de passer à l’étape suivante.  
Ce n’est qu’ensuite qu’elle pourra inciter les opérateurs privés à investir dans la rénovation du bâti en vue de créer des logements de qualité.  
L’initiative de la réhabilitation revient ainsi aux collectivités avec les outils à leur disposition mis en place par :   
•    l’Etat comme le dispositif PVD (Petites Villes de Demain) valant ORT (Opération de rénovation territoriale), ainsi que les diverses subventions qui vont avec,  
•     le Département avec la SPL territoires 84,  
•     la Banque des territoires avec ses aides à l’ingéniérie et ses prêts spécifiques à très long cours et à faibles taux …  
Cette politique a inévitablement un coût non négligeable à étaler dans le temps.   
La démarche commence par une maitrise foncière stratégique et son portage financier, assurée notamment par l’EPF (Etablissement Public Foncier régional) et la SPL territoires 84. Ce sont ces deux organismes qui ont acheté les bâtiments à réhabiliter et qui les tiennent à notre disposition le temps qu’il faut.  
Avec la SPL territoires 84, nous avons signé une convention d’assistance à maitrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre d’une durée de 20 ans, qui nous apporte ainsi toute une technicité opérationnelle que nous n’avons pas en interne. Son financement est assuré par les recettes des parkings de Beaulieu.  


Où en sommes-nous ? 

C’est ainsi qu’à Monteux nous avons commencé par installer des artisans d’art dans les friches commerciales libérées à la fin des années 90, lors de la migration des commerces sur le tour de ville organisée en partenariat avec l’UCAM dans le but de soutenir nos commerces qui dépérissaient dans nos ruelles. C’est la Traversée des Arts.  
Le bar le Polychrome ouvert depuis le début est un lieu de convivialité important. Il est en cours de reprise pour une exploitation privée et dynamique.   
Nous continuons aujourd’hui en amenant des services publics et certains commerces en vue d’en faire progressivement un véritable lieu de vie ;  
A ce jour, on a ainsi réalisé :  
•    L’Office de tourisme sur une friche du Crédit Lyonnais achetée par l’EPF, réhabilitée par la SPL, rachetée ensuite par la ville et aujourd’hui louée à la communauté d’agglomération du fait que c’est elle qui a la compétence tourisme.  
•    Le restaurant Papiko, 8 ateliers d’artisans d’art et 11 meublés de tourisme : même stratégie avec l’EPF et la SPL, rachetés par la ville grâce à un prêt fructifère de la Banque des Territoires de 2 M€ sur 50 ans avec un différé d’amortissement de 5 ans. Ce prêt est autofinancé du fait que son remboursement est couvert par les loyers ; ainsi il ne pèse pas budgétairement. 
•    L’école de musique : même schéma de portage et de restauration, rachat cette année par la ville, mais là évidemment il n’y a pas de recette de loyer, mais des coûts de fonctionnement. Par contre, c’est un « plus » évident pour les Montiliens dont la fréquentation a quasiment doublé depuis la municipalisation.  
•    Les travaux continuent à côté dans la maison Zerger, avec la création d’une Maison de la petite enfance, le transfert du service éducation-jeunesse, la micro-folie qui va revenir dans son 1er local entièrement rénové. Un fablab dédié aux nouveaux outils numériques est également prévu dans les étages. Livraison 2e semestre 2024. 
•    Sur le boulevard de Verdun, du fait que nous sommes en quartier « politique de la ville » (QPV) nous avons également aménagé le nouveau poste de la Police municipale, plus accessible et plus efficace grâce à la technologie moderne dont on l’a doté.   

Et après ? 

Pour ce qui est de l’habitat, la SPL Territoires 84 a fait réaliser toutes les études archéologiques, historiques et architecturales indispensables et a commencé la commercialisation des propriétés bâties que nous maitrisons : Rue Rosa Bordas, Rue Claude Chauvet et Bd Dampeine, Place de l’église.  
Un appel à projets a été lancé. Une quinzaine d’opérateurs privés l’ont reçu et y travaillent pour faire des propositions. Les discussions et négociations sont en cours. L’objectif est de vendre le patrimoine immobilier que nous maitrisons en vue de sa rénovation, tranche par tranche, avec un cahier des charges précis.  
Parallèlement à ces démarches, les terrains situés derrière la crèche Clémentine ont été achetés pour nous par l’EPF en vue d’aménager un parc paysager avec parking. Cet aménagement permettra notamment d’accueillir les voitures des futurs habitants de ces nouveaux logements et limiter ainsi la circulation et le stationnement automobile intra-muros.  


A suivre donc. 
Paris ne s’est pas fait en un jour ! 
 

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Explications de la démarche